Olga l'aînée des enfants Romanov
La grande-duchesse Olga Nicolaïevna est née le 15 novembre 1895 au palais de Tsarkoïe-Selo. Elle est la fille aînée du tsar Nicolas II et de l'impératrice Alexandra Fedorovna. Nicolas note dans son journal le jour de sa naissance: "Un jour qui ne s'effacera jamais de ma mémoire, pendant lequel j'ai souffert tellement, tellement! Dès une heure du matin, ma chère Alix a senti les douleurs qui ne lui ont pas permis de dormir... Je ne pouvais la regarder sans partager son mal. Vers deux heures, ma chère maman est arrivée de Gatchina. Tous les trois, elle, Ella (Elisabeth Fedorovna, soeur de l'impératrice) et moi, nous n'avons pas quitté un instant Alix. A neuf heures, juste, un vagissement enfantin se fit entendre et nous avons tous respiré librement! Dieu nous a donné une fille... Grâce à Dieu, Alix a très bien supporté l'accouchement et s'est sentie, dès le soir, ragaillardie..."
Etant bébé, Olga était quelque peu potelée. D'ailleurs, lors d'une visite en France de la famille impériale en 1896, Nicolas eu quelques remarques sur le poids d'Olga. En 1897, Olga fut rejointe par une petite soeur, Tatiana. Elles étaient très proches l'une de l'autre, elles partageaient d'ailleurs la même chambre au palais Alexandre, au palais Peterhof, sur le yacht impérial, et dans toutes les autres propriétés de la famille impériale. Elles étaient d'ailleurs surnommées "la grande paire". En 1899, Olga fut rejointe par une autre soeur, Maria, et en 1901 par Anastasia. Puis, en 1904 Olga eut un frère, Alexis. Les quatre filles du tsar étaient très proches les unes des autres, elles signaient même parfois leurs lettres d'une signature commune de leurs initiales respectives "OTMA" (Olga, Tatiana, Maria et Anastasia). Etant la plus âgée, on attendait d'Olga qu'elle soit un peu autoritaire envers ses soeurs et son frère, mais ce fut la deuxième fille du tsar, Tatiana, qui prit le rôle de la soeur autoritaire: elle était d'ailleurs affectueusement surnommée "la gouvernante".
Le tuteur des enfants Romanov estimait qu'Olga était meilleure élève que ses soeurs. Dans ses mémoires, le professeur de français des enfants, Pierre Gilliard, écrit à propos d'Olga qu' "Elle possédait une remarquable intelligence" et qu'"elle avait de bonnes initiatives et un très bon cerveau de déduction". Elle adorait lire des nouvelles, des romans, mais surtout des poèmes, et en écrivait d'ailleurs beaucoup. Olga empruntait souvent des livres à sa mère sans lui demander la permission. Il arrivait alors à l'impératrice de devoir faire le tour du palais pour retrouver les livres qu'Olga lui avait pris.
Beaucoup de personnes affirmaient qu'Olga ressemblait plus physiquement à son père qu'à sa mère. Elle avait les cheveux blonds, les yeux bleus, un long visage, et le nez retroussé des Romanov. Olga était potelée étant bébé, mais elle avait maigri lors de son enfance, et était devenue une belle jeune fille. Cependant, elle était considérée comme moins jolie que Tatiana et Maria.
Des quatre filles du tsar, Olga était la plus "désagréable" pour ainsi dire. Elle était très lunatique et quelques fois agressive avec ses soeurs. Elle se disputait également souvent avec sa mère, et Tatiana devait intervenir régulièrement pour calmer sa soeur aînée. Olga était très sensible, et un seul "mot de travers" pouvait l'énerver. Cependant, selon la baronne Sophia Buxhoeveden, Olga "avait beaucoup de charme, et était souvent très joyeuse". Etant enfant, elle était très taquine, un peu comme Anastasia, et inventait beaucoup de farces contre son précepteur. Ainsi, un jour, en accord avec Anastasia, elle avait enfermé la fille d'une femme de ménage dans les toilettes car celle-ci les avait énormément embêtées.
Olga et ses soeurs faisaient souvent du bricolage et de la broderie, qu'elles revendaient dans le but de récolter des fonds pour des oeuvres caritatives, des orphelinats, des églises et des hôpitaux. Olga était très touchée par la pauvreté, et espérait se servir de son rang de grande-duchesse lorsqu'elle serait adulte pour sauver des enfants de la misère. D'ailleurs, elle voulait se marier afin de fonder une famille. Olga eut beaucoup de demandes en mariage. A ce sujet, une possible union avec le prince Edouard du Pays de Galles fit l'objet de discussions, ainsi qu'avec le grand-duc Dmitri Pavlovitch, le prince Carol de Roumanie et le grand-duc Boris Vladimirovitch. Mais les projets de mariage furent abandonnés avec l'entrée de la Russie dans la Première Guerre Mondiale.
Lorsque Nicolas II déclara la guerre à l'Allemagne en 1914, l'impératrice, Olga et Tatiana troquèrent leurs robes de bal pour des uniformes d'infirmières. Elles étudièrent pendant deux mois afin de passer un examen qui fut une réussite. Ainsi, elles s'occupèrent des soldats blessés installés dans l'hôpital aménagé au palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg. Pendant que les deux filles aînées du tsar s'occupaient des blessés, Maria et Anastasia rendaient visite aux soldats, leurs jouaient du piano et faisaient des parties de cartes avec eux. Contrairement à sa mère et à Tatiana, Olga avait beaucoup de mal à voir ces soldats mourir.
Lorsque vint la révolution, les cinq enfants du tsar étaient tombés malade. Les plus touchées par la maladie étaient Olga et Maria. Maria avait attrapée une pneumonie et devait rester alitée avec de l'oxygène. Quant à Olga, elle avait une péritonite, c'est à dire une infection de l'appindice. Lorsque Nicolas revint au palais Alexandre, en mars 1917, il n'avoue pas immédiatement son abdication à Olga et lui cache leur arrestation, par crainte de voir son état de santé se dégrader. Pour soigner les quatre grandes-duchesses et le tsarévitch, il fut décidé de leur donner un traitement, qui avait pour effet secondaire une chute importante de cheveux. Alexandra décida alors de raser les cheveux de ses filles et les protégea ainsi des humiliations auxquelles elles étaient exposées avec les soldats chargés de leur captivité.
Olga fut alors emprisonnée avec sa famille de mars 1917 à août 1917 au palais Alexandre de Tsarkoïe-Selo. Puis, ils furent conduits à Tobolsk, en Sibérie. En avril 1918, Nicolas, Alexandra et Maria furent transférés à Ekaterinbourg. Olga, ses deux autres soeurs et son frère les rejoindront en mai 1918. D'après les gardes chargés de la captivité des Romanov à Ekaterinbourg, Olga, contrairement à ses soeurs et à son frère, s'était beaucoup renfermée sur elle même. Elle ne sortait plus beaucoup, était devenue très pâle, et avait beaucoup maigri vers la fin de sa vie. Le 17 juillet 1918, Olga fut assassinée à l'âge de vingt-deux ans avec toute sa famille. Dans ses affaires personnelles saisies après son assassinat, on retrouva son journal intime où figurait une prière qu'elle avait écrit quelques jours avant sa mort:
"Donne-nous, Seigneur, la patience de supporter l'oppression populaire et les tortures de nos bourreaux en cette année tumultueuse remplie de journées tristes. Donne-nous la force, oh Seigneur de justice, de pardonner les offenses de notre voisin et par la croix si lourde et ensanglantée de ton humilité, en ces jours où nos ennemis nous volent, Seigneur notre sauveur, aide-nous à supporter la honte et l'humiliation. Maître du monde, Dieu de l'univers, donne-nous de prier et donne à notre humble esprit le repos en cet insupportable et horrible moment. Au seuil de notre tombe, inspire aux lèvres de tes serviteurs une force surhumaine afin de prier humblement pour nos ennemis."